Écrit par 10h15 CAF, News Views: [tptn_views]

Italie : le gouvernement de Giorga Meloni met fin au RSA italien

La décision du gouvernement italien de supprimer le Revenu de Citoyenneté (Revenu di Cittadinanza) a suscité une vague de colère dans tout le pays, provoquant des manifestations et des critiques de l’opposition.

Fin Progressive du Revenu de Citoyenneté

Le 27 juillet, environ 169 000 ménages italiens ont reçu un message SMS leur annonçant que leur Revenu de Citoyenneté ne serait plus versé à partir du 1er août, sans plus de précisions. Cette allocation, d’un montant moyen de 581 euros par mois, similaire au RSA français, était auparavant accordée à tous les ménages gagnant moins de 9 360 euros par an. Le nombre total de bénéficiaires continuera de diminuer progressivement jusqu’à la fin de l’année, date à laquelle le dispositif sera complètement supprimé au 1er janvier 2024.

Manifestations et Confusion

L’annonce de cette décision a provoqué la colère et l’appréhension de milliers d’Italiens, entraînant des manifestations dans plusieurs villes du pays. À Naples, où l’aide a déjà été retirée à 21 500 ménages, un sit-in a été organisé devant les bureaux de l’organisme de Sécurité sociale.

De plus, la communication officielle a ajouté à la confusion. Le message reçu évoque une « éventuelle prise en charge de la part des services sociaux », ce qui a contribué à semer la confusion. En réalité, seuls certains ménages pourront demander une prolongation jusqu’en décembre, à condition de prouver un « fort état de détresse sociale ». Pour au moins 88 000 ménages composés de personnes jugées « en état de travailler », le dispositif sera remplacé par un chèque plafonné à 350 euros par mois pour une durée maximale d’un an, sous condition de participation à des projets bénéfiques pour la collectivité.

Seuls les ménages comprenant un mineur, une personne de plus de 60 ans ou une personne handicapée pourront continuer à bénéficier d’une « mesure similaire » au Revenu de Citoyenneté à partir du 1er janvier 2024, mais le plafond sera réduit à 500 euros par mois contre 780 euros actuellement (630 euros pour les ménages comprenant des personnes de plus de 67 ans ou présentant un grave handicap).

Raisons de la Suppression

L’abolition de ce dispositif, mis en place par le Mouvement Cinq Étoiles en 2019, était l’une des principales promesses de Giorgia Meloni pendant sa campagne électorale. Après son élection en septembre 2022, la Première ministre d’extrême droite avait dû temporiser, craignant des troubles sociaux en raison de la conjoncture économique morose et de la forte inflation (8,1 % en 2022, son plus haut niveau depuis 1985). La suppression du Revenu de Citoyenneté a finalement été annoncée le 1er mai, Journée internationale des travailleurs.

Le gouvernement a invoqué des coûts trop élevés pour les finances publiques (8 milliards d’euros en 2022) et des abus dans son utilisation. Pour Giorgia Meloni, l’aide a échoué dans sa mission principale, qui était d’aider financièrement les citoyens dans leur recherche d’emploi, et elle est devenue un « cadeau » pour ceux qui ne veulent pas travailler, devenant ainsi le « symbole de l’assistanat ».

La suppression de cette prestation sociale a provoqué une opposition farouche. L’ancien Premier ministre Giuseppe Conte a dénoncé le « désastre social » causé par cette décision, tandis qu’Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (centre-gauche), y voit « une déclaration de guerre contre les pauvres », surtout dans le contexte d’une inflation italienne (5,3 % en juillet) plus élevée que celle de la zone euro.

Réaction en France

La suppression du Revenu de Citoyenneté a également suscité des réactions en France. Le premier secrétaire du Parti socialiste a condamné l’extrême droite sur Twitter en qualifiant la décision de « l’extrême droite dans ses œuvres ». Il a souligné que le gouvernement italien supprimait l’équivalent du RSA, un dispositif social qui a permis à un million d’Italiens de sortir de la pauvreté selon l’Institut italien de la statistique. Cette réaction vise à rappeler que, sous ses discours populistes, l’extrême droite, tant en Italie qu’en France, reste attachée à l’ordre néolibéral et prend des mesures antisociales qui aggravent la pauvreté et les inégalités.

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