Écrit par 13h51 Contrôle CAF, News Views: [tptn_views]

Vers un contrôle Orwellien des précaires

Les 10 et 11 juillet, nos illustres sénateurs se sont réunis pour discuter d’une proposition de loi qui porte le nom bien ironique de « pour le plein emploi ».

C’est bien simple, ce projet sent le roussi dès le départ, avec des objectifs aussi vagues que grandioses, prétendant améliorer le marché du travail tout en promettant le plein emploi. Une promesse qui sonne creux lorsque l’on plonge dans les détails.

L’un des points saillants de cette proposition de loi est la création d’un soi-disant réseau « France Travail », une réunion de Pôle emploi et des acteurs de l’insertion. On peut déjà imaginer la bureaucratie effrénée et les lourdeurs administratives que cela entraînera.

Mais le clou du spectacle, c’est l’inscription automatique des bénéficiaires du RSA et de leurs conjoints sur la liste des demandeurs d’emploi. En d’autres termes, on pointe du doigt ces personnes, les montrant du doigt comme si elles étaient responsables de leur propre malheur. Cette initiative est une tentative flagrante de stigmatisation et de culpabilisation des plus précaires.

Pire encore, le gouvernement veut conditionner le versement du RSA à la formalisation d’un contrat d’engagements réciproques, avec des obligations qui viennent s’y greffer. Autrement dit, si vous êtes au RSA, préparez-vous à être traité comme un paria de la société, dont le principal problème serait un manque de motivation.

Cette approche stigmatise davantage les personnes déjà vulnérables. La Défenseure des droits n’a pas manqué de faire entendre sa voix en alertant les sénateurs sur les conséquences désastreuses de cette proposition. Elle rappelle à juste titre que l’accompagnement vers l’emploi doit être un droit pour ces personnes, opposable à l’État, qui se doit de tout mettre en œuvre pour les aider.

Cependant, les mesures contenues dans ce projet ne sont pas à la hauteur des enjeux, en particulier pour les personnes en situation de handicap. Et comme si cela ne suffisait pas, les moins de 25 ans sont tout simplement exclus du RSA. Une discrimination manifeste qui ne peut être ignorée. Quant aux sanctions, le gouvernement envisage de suspendre ou de supprimer le RSA sans nécessiter l’avis préalable d’une équipe pluridisciplinaire.

Cela augmente considérablement les risques d’erreurs graves. La Défenseure des droits a raison de souligner que toute sanction devrait être impossible tant que les opérateurs des politiques de l’emploi et de l’insertion ne sont pas en mesure de garantir un accompagnement adéquat.

En fin de compte, cette proposition de loi est un coup bas envers les plus précaires de notre société. Le gouvernement ne comprend visiblement pas les réalités de ceux qui luttent pour trouver un emploi ou simplement pour survivre. Au lieu d’aider, il choisit de stigmatiser, de culpabiliser et de jeter à l’opprobre populaire ceux qui ont le plus besoin de soutien. Une honte, tout simplement.

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